Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/338

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Minuit. L’horloge tinte…

 Il est né le divin Enfant…

Je chante Noël…

 Jouez, hautbois, sonnez, musettes.
 Ah ! qu’il est beau, qu’il est charmant !…

Je m’assoupis, et fais un somme, bien calé, pour ne tomber dans le foyer…

 Il est né… Hautbois, jouez, sonnez, musettes amusées…
 Il est né, le petit Messie…

Mais si j’ai moins, eh plus je suis…

    • *

Épiphanie.

Je suis un bon farceur ! Car moins j’ai, et plus j’ai. Et je le sais très bien. J’ai trouvé le moyen d’être riche sans avoir rien, riche du bien des autres. J’ai le pouvoir sans charges. Que parle-t-on de ces vieux pères, qui lorsqu’ils se sont dépouillés, lorsqu’ils ont tout donné à leurs enfants ingrats, leur chemise et leurs chausses, sont délaissés, laissés et voient tous les regards les pousser à la fosse ? Ce sont de fichus maladroits. Je n’ai jamais été, ma foi, plus aimé, plus choyé que dans ma pauvreté. C’est que je ne suis pas si bête que de me dépouiller de tout, sans rien garder. N’est-il donc que sa bourse à donner ? Moi, quand j’ai tout donné, je