Page:Rolland - Colas Breugnon.djvu/41

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battent, c’est leur plaisir. Je tire, quant à moi, mon épingle du jeu… Oui, si je peux. Mais c’est qu’ils ne veulent point, ces gueux. Si je ne suis l’ennemi d’un, j’aurai les deux comme ennemis. Eh bien donc, puisque entre deux camps, je dois toujours être battu, battons aussi ! Je l’aime autant. Plutôt qu’enclume, enclume, enclume, soyons enclume et puis marteau.

Mais qui me dira pourquoi ont été mis sur terre tous ces animaux-là, tous ces genpillehommes, ces politiques, ces grands seigneurs, qui de notre France sont saigneurs, et, de sa gloire toujours chantant, vident ses poches proprement, qui, non rassasiés de ronger nos deniers, prétendent dévorer les greniers étrangers, menacent l’Allemagne, convoitent l’Italie, et dans le gynécée du grand Turc fourrent leur nez, qui voudraient absorber la moitié de la terre, et qui ne sauraient pas même y planter des choux !… Allons, paix, mon ami, ne te fais point de bile ! Tout est bien comme il est… en attendant qu’un jour nous le fassions meilleur (ce sera le plus tôt qu’il nous sera possible). Il n’est si triste bête qui ne puisse servir. J’ai oui raconter qu’une fois, le bon Dieu (mais, Seigneur, je ne parle aujourd’hui que de vous ! ) avec Pierre se promenant, vit dans le faubourg de Béyant[1], sur le seuil de sa porte, assise, une femme se morfondant. Elle s’ennuyait tant que notre Père, cherchant dans sa bonté de cœur, de sa poche, dit-on, tira un cent de poux, les lui jeta, et dit : « Prenez, ma fille, amusez-vous ! » Lors la femme,

  1. Bethléem, faubourg de Clamecy.