Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 10.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

237
LA NOUVELLE JOURNÉE

si calme que Georges, prêt à se jeter dans ses bras, s’arrêta ; il ne sut plus que dire. Christophe demanda doucement :

— C’est toi, mon petit. Tu as oublié quelque chose ?

Georges, troublé, balbutia :

— Oui.

— Entre.

Christophe alla se rasseoir dans le fauteuil où il était avant l’arrivée de Georges ; près de la fenêtre, la tête appuyée contre le dossier, il regardait les toits en face et le ciel du soir qui rougeoyait. Il ne s’occupait pas de Georges. Le jeune homme faisait semblant de chercher sur la table, tout en jetant à la dérobée un coup d’œil vers Christophe. Le visage de celui-ci était immobile ; les reflets du soleil couchant illuminaient le haut des joues et une partie du front. Georges, machinalement, passa dans la pièce voisine, — la chambre à coucher, — comme pour continuer ses recherches. C’était là que Christophe s’était enfermé tout à l’heure avec la lettre. Elle était encore là, sur le lit non défait, qui portait l’empreinte d’un corps. Par terre, sur le tapis, un livre avait glissé. Il était resté ouvert, sur une page froissée. Georges le ramassa et lut, dans l’Évangile, la rencontre de Madeleine avec le Jardinier.