Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 2.djvu/159

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Depuis qu’il avait découvert qu’il aimait madame de Kerich, Christophe se détachait de Minna. Il commençait à être irrité de sa froideur dédaigneuse ; et comme, à force de la voir, il s’était enhardi peu à peu à reprendre avec elle sa liberté de manières, il ne lui cachait pas sa mauvaise humeur. Elle aimait à le piquer, et il répliquait vertement. Ils se disaient toujours des choses désagréables, dont madame de Kerich ne faisait que rire. Christophe, qui n’avait pas le dessus dans cette joute de parole, sortait parfois si exaspéré, qu’il croyait détester Minna ; et il se persuadait qu’il ne revenait chez elle qu’à cause de madame de Kerich.

Il continuait à lui enseigner le piano. Deux fois par semaine, le matin, de neuf heures à dix heures, il surveillait les gammes et les exercices de la fillette. La chambre où ils se tenaient était le studio de Minna. Curieuse salle de travail, qui reflétait

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