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Jean-Christophe

dentes et absurdes, qu’il avait écrites. Il se traita d’imbécile, il se frappa la tête avec ses poings. Mais il avait beau faire : il était bien forcé de sentir que Minna ne l’aimait pas autant qu’il l’aimait.

Les jours qui suivirent furent si mornes, qu’ils ne peuvent se raconter. Le néant ne se décrit point. Privé du seul bien qui le rattachât à l’existence : ses lettres à Minna, Christophe ne vécut plus que d’une façon machinale ; et le seul acte de sa vie auquel il s’intéressât, était lorsque, le soir, au moment de se coucher, il rayait, comme un écolier, sur son calendrier, une des interminables journées qui le séparaient du retour de Minna.