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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

ces escaliers malpropres, ces chambres sans lumière, si tristes après la grande maison de province. Ils étaient de plus en plus oppressés. Et c’était toujours le même ahurissement dans les rues, dans les magasins, dans les restaurants, qui les faisait duper par tous. Tout ce qu’ils demandaient coûtait un prix exorbitant ; on eût dit qu’ils avaient la faculté de transformer en or tout ce qu’ils touchaient : seulement, cet or, c’était eux qui devaient le payer. Ils étaient d’une maladresse inimaginable, et sans force pour se défendre.

Si peu qu’il lui restât d’espérances à l’égard de sa sœur, Mme Jeannin se forgeait encore des illusions sur le dîner, où ils étaient invités. Ils s’y préparèrent, avec des battements de cœur. Ils furent reçus, en invités et non pas en parents, — sans qu’on eût fait d’ailleurs d’autres frais pour le dîner, que ce ton cérémonieux. Les enfants virent leurs cousins, à peu près de leur âge, qui