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ANTOINETTE

La conversation se traînait. Elle avait épuisé l’intérêt des bibelots du salon et des toilettes des dames Poyet. Mme Jeannin se répétait :

— C’est le moment de parler, il faut que je parle…

Et elle se crispait. Comme elle faisait un grand effort et allait se décider enfin, Mme Poyet glissa incidemment, d’un ton qui ne cherchait pas à s’excuser, qu’ils étaient bien fâchés, mais qu’ils devaient sortir vers neuf heures et demie : ils avaient une invitation, qu’ils n’avaient pu remettre. Les Jeannin, froissés, se levèrent aussitôt pour partir. On fit mine de les retenir. Mais un quart d’heure après, quelqu’un sonna à la porte : le domestique annonça des amis des Poyet, des voisins, qui habitaient à l’étage au-dessous. Il y eut des coups d’œil échangés entre Poyet et sa femme, et des chuchotements précipités avec les domestiques. Poyet, bredouillant