Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

104
JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

pareil cas était un misérable. La seule circonstance atténuante qu’on pût plaider pour Jeannin, c’était qu’il n’était pas tout à fait responsable. Là-dessus, il s’excusa auprès de Mme Jeannin de s’être exprimé d’une façon un peu vive sur le compte de son mari : il en donna pour cause la sympathie qu’il avait pour elle : et, ouvrant son tiroir, il lui offrit un billet de cinquante francs, — une aumône, — qu’elle refusa.

Elle chercha une place dans les bureaux d’une grande administration. Ses démarches étaient maladroites et sans suite. Elle prenait tout son courage pour en faire une ; puis, elle revenait si démoralisée que, pendant plusieurs jours, elle n’avait plus la force de bouger ; et, quand elle se remettait en marche, il était trop tard. Elle ne trouva pas plus de secours auprès des gens d’église, soit que ceux-ci n’y vissent pas leur avantage, soit qu’ils se désintéressassent d’une famille ruinée, dont le père