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ANTOINETTE

l’eût entraîné. Enlacés l’un à l’autre, près du lit où reposait leur mère, à la lueur d’une veilleuse, Olivier répétait qu’il fallait mourir, mourir tous deux, mourir tout de suite ; et il montrait la fenêtre. Antoinette sentait aussi ce désir funeste ; mais elle luttait contre : elle voulait vivre…

— À quoi bon ?

— Pour elle, dit Antoinette — (elle montrait sa mère). — Elle est toujours avec nous. Pense… Après tout ce qu’elle a souffert pour nous, il faut lui épargner la pire des douleurs, celle de nous voir mourir malheureux… Ah ! (reprit-elle, avec emportement)… Et puis, il ne faut pas se résigner ainsi ! Je ne veux pas ! Je me révolte, à la fin. Je veux que tu sois heureux un jour !

— Jamais !

— Si, tu seras heureux. Nous avons eu trop de malheur. Cela changera ; il le faut. Tu te feras ta vie, tu auras une famille, tu auras du bonheur, je le veux, je le veux !