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ANTOINETTE

avaient contribué à sa mort. Et, quand la concierge leur avait demandé s’ils n’avaient pas d’autres parents, ils avaient répondu :

— Non. Personne.

Devant la fosse nue, ils prièrent, la main dans la main. Ils se raidissaient dans une intransigeance et un orgueil désespérés, qui leur faisaient préférer cette solitude même à la présence de parents indifférents et hypocrites. — Ils revinrent à pied au milieu de cette foule étrangère à leur deuil, étrangère à leurs pensées, étrangère à tout leur être, et qui n’avait de commun avec eux que la langue qu’ils parlaient. Antoinette donnait le bras à Olivier.

Ils prirent dans la même maison, au dernier étage, un tout petit appartement, — deux chambres mansardées, une antichambre minuscule, qui devait leur servir de salle à manger, et une cuisine grande comme un placard. Ils auraient pu trouver mieux dans un autre quartier ; mais il