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ANTOINETTE

plus différentes des leurs. Ce n’est pas qu’ils fassent, en général, grand’chose pour les aider : car ils sont sollicités par trop d’intérêts à la fois, et plus livrés que quiconque aux vanités mondaines, tout en s’en disant libres. Du moins, ils font quelque chose ; et c’est beaucoup dans l’apathie de la société contemporaine. Ils y sont un ferment d’action, un levain de vie. — Antoinette, qui s’était heurtée, chez les catholiques, à un mur d’indifférence glaciale, sentait plus que quiconque le prix de l’intérêt, si superficiel fût-il, que lui témoignaient les Nathan. Mme Nathan avait entrevu la vie de dévouement d’Antoinette ; elle était sensible à son charme physique et moral ; et elle avait prétendu la prendre sous sa protection. Elle n’avait pas d’enfants ; mais elle aimait la jeunesse, et elle en réunissait souvent chez elle ; elle avait insisté pour qu’Antoinette vînt aussi, qu’elle sortît de son isolement, qu’elle prît quelque distraction. Et comme il lui