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ANTOINETTE

avait même cessé d’aller chez les Nathan, qui étaient un peu en froid avec elle, depuis qu’elle avait refusé le parti qu’ils lui offraient : eux non plus n’avaient pas admis ses raisons. Mme Nathan, qui avait décrété d’avance que ce mariage se ferait et qu’il serait parfait, avait été froissée dans son amour-propre qu’il ne se fît pas par la faute d’Antoinette. Elle trouvait ses scrupules fort estimables, assurément, mais d’une sentimentalité exagérée ; et, du jour au lendemain, elle s’était désintéressée de cette petite oie. Son besoin de faire le bien aux gens avec ou malgré leur consentement venait d’ailleurs de faire choix d’une autre protégée, qui absorbait pour l’instant toute la somme d’intérêt et de dévouement qu’elle avait à dépenser.

Olivier ne savait rien des romans douloureux qui se passaient dans le cœur de sa sœur. C’était un garçon sentimental et léger, qui vivait dans ses rêvasseries. Il était bien