Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

179
ANTOINETTE

sionnément, quand ils étaient ensemble ; il l’appelait : « ma fidèle, ma brave, ma chère bonne bien-aimée petite sœur, que j’aime tant. » C’étaient de vraies lettres d’amour.

Elles baignaient de leur tendresse Antoinette ; elles étaient tout l’air respirable de ses journées. Quand elles n’arrivaient pas, le matin, à l’heure attendue, elle était malheureuse. Il advint que, deux ou trois fois, les Grünebaum, par indifférence, ou, — qui sait ? — par une sorte de taquinerie méchante, oublièrent de les lui remettre jusqu’au soir, une fois même jusqu’au lendemain matin : elle en eut la fièvre. — Pour le jour de l’an, les deux enfants eurent la même idée, sans s’être concertés : ils se firent la surprise de s’envoyer tous deux une longue dépêche, — (cela coûtait bien cher) — qui leur arriva, à la même heure, à tous deux. — Olivier continuait de consulter Antoinette sur ses travaux et sur ses doutes ;