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JEAN-CHRISTOPHE À PARIS

Olivier voulait l’entraîner dans ses promenades ; elle eût été heureuse de partager ses courses ; mais plusieurs fois, après être vaillamment partie, elle avait été forcée de s’arrêter, au bout de vingt minutes, sans souffle et le cœur défaillant. Alors, il faisait seul ses excursions, — des ascensions inoffensives, mais qui la tenaient dans des transes, jusqu’à ce qu’il fût rentré. Ou bien, ils faisaient ensemble de petites promenades : elle, appuyée sur son bras, marchant à petits pas, causant tous deux, lui surtout devenu très loquace, riant, disant ses projets, racontant des drôleries. Du chemin à mi-côte, au-dessus de la vallée, ils regardaient les nuages blancs se mirer dans le lac immobile, et les bateaux nager comme des insectes à la surface d’une mare ; ils aspiraient l’air tiède et la musique des clochettes de troupeaux, que le vent apportait de très loin, par bouffées, avec l’odeur des foins coupés et de la résine chaude. Et ils