Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

225
ANTOINETTE

religieuse pour cet Être qui se dérobe au contrôle de l’esprit.

Quand elle fut un peu remise de son trouble, elle emprunta la lorgnette de son frère, pour regarder Christophe ; elle le voyait de profil, au pupitre de chef d’orchestre, et elle reconnut son expression violente et concentrée. Il portait un habit défraîchi, qui lui allait fort mal. — Antoinette assista, muette et glacée, aux péripéties de ce lamentable concert, où Christophe se heurta à la malveillance non dissimulée d’un public, qui était mal disposé à ce moment pour les artistes allemands, et que sa musique assomma[1]. Quand, après une symphonie qui avait semblé trop longue, il reparut pour jouer quelques pièces pour piano, il fut accueilli par des exclamations gouailleuses, qui ne laissaient aucun doute sur le peu de plaisir qu’on avait à le

  1. Voir Jean-Christophe à Paris, I. La Foire sur la Place.