Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 6.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Le départ fut comme une fuite.

La veille au soir, — (un triste soir de la fin de septembre : les champs disparaissaient sous le voile des grands brouillards blancs, d’où surgissaient, des deux côtés de la route, à mesure qu’on avançait, les squelettes des buissons grelottants et ruisselants, comme des plantes d’aquarium), — ils allèrent ensemble dire adieu au cimetière. Ils s’agenouillèrent tous trois sur l’étroite margelle de pierre, qui entourait la fosse fraîchement remuée. Leurs larmes coulaient en silence : Olivier avait le hoquet ; Mme Jeannin se mouchait désespérément. Elle ajoutait à sa douleur, elle se torturait, à se répéter inlassablement les paroles qu’elle

— 76 —