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ANTOINETTE

sans l’attendre, et qu’elle avait allumé le fourneau de la cuisine. — Olivier s’éveilla, comme elle entrait. Son premier mouvement fut de refermer les yeux, et de se retourner dans ses couvertures, pour se rendormir. Antoinette vint poser doucement sa main sur l’épaule de son frère, et elle l’appela à mi-voix :

— Olivier, mon petit, il est temps.

Il soupira, ouvrit les yeux, vit le visage de sa sœur penché vers le sien : elle lui sourit mélancoliquement, et lui caressa le front avec sa main. Elle répétait :

— Allons !

Il se leva.

Ils sortirent de la maison, sans bruit, comme des voleurs. Chacun d’eux avait des paquets à la main. La vieille bonne les précédait, roulant leur malle sur une brouette. Ils laissaient presque tout ce qu’ils avaient ; ils n’emportaient, pour ainsi dire, que ce qu’ils avaient sur le corps, et quelques