quelque sainte de ses amies, ou même avec le bon Dieu. Car il ne faut pas croire qu’il soit besoin d’être une Jeanne d’Arc, pour avoir de ces visites ; tous, nous en avons reçu. Seulement, à l’ordinaire, les visiteurs célestes nous laissent parler seuls, assis à notre foyer ; et ils ne disent mot. Rainette ne songeait pas à s’en formaliser : qui ne dit mot consent. D’ailleurs, elle avait tant à leur dire, pour sa part, qu’à peine leur laissait-elle le temps de répondre : elle répondait pour eux. Elle était une bavarde silencieuse ; elle tenait de sa mère la volubilité de langue ; mais ce flot s’infiltrait en paroles intérieures, comme un ruisseau qui disparaît sous terre. — Naturellement, elle faisait partie de la conspiration contre l’oncle, afin de le convertir ; elle se réjouissait de chaque pouce de la maison conquis sur l’esprit de ténèbres par les esprits dé lumière ; et, plus d’une fois, il lui arriva de coudre une médaille sainte à l’intérieur d’une doublure d’habit du vieux, ou de glisser dans une de ses poches un grain de chapelet, que l’oncle, pour faire plaisir à sa petite nièce, affectait de ne pas remarquer. — Cette mainmise des deux dévotes sur le mangeur de prêtres causait l’indignation et la joie du savetier. Il ne tarissait pas en grosses plaisanteries sur les
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LA FIN DU VOYAGE