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LA FIN DU VOYAGE

reprit haleine, se serra contre Christophe, lui pinça le bras, par peur ou pour toute autre raison, décocha une œillade à Olivier, et montra le poing à l’ennemi, en glapissant. Coquard prit Christophe par le bras, et lui dit :

— Allons chez Aurélie.

Ils n’avaient que quelques pas à faire. Avec Graillot et quelques ouvriers, Berthe les y avait précédés. Christophe allait entrer, suivi par Olivier. La rue était en dos d’âne, Du trottoir, devant la crèmerie, on dominait, la chaussée du haut de cinq à six marches. Olivier respirait, sorti du flot. Il répugna à l’idée de se retrouver dans l’atmosphère empestée du cabaret et les braillements de ces énergumènes. Il dit à Christophe :

— Je vais à la maison.

— Va, mon petit, dit Christophe, je te rejoindrai dans une heure.

— Ne t’expose plus, Christophe !

— Trembleur ! fit Christophe, en riant.

Il entra dans la crèmerie.

Olivier allait tourner l’angle de la boutique, Quelques pas encore, et il était dans une ruelle transversale qui l’éloignait de la bousculade. L’image de son petit protégé lui traversa l’esprit. Il se retourna et le chercha des yeux. Il l’aperçut, à l’instant précis où Emmanuel,