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LE BUISSON ARDENT

— Pourquoi diable ? dit Christophe.

— Dans une heure, la barricade sera prise. Ce soir, vous serez arrêté.

— Et qu’est-ce que j’ai fait ?

— Regardez vos mains… Allons !… Votre affaire est claire, on ne vous épargnera pas. Tous vous ont reconnu. Pas un instant à perdre.

— Où est Olivier ?

— Chez lui.

— Je vais le rejoindre.

— Impossible. La police vous attend, à la porte. Il m’envoie vous prévenir. Filez.

— Où voulez-vous que j’aille ?

— En Suisse. Canet vous enlève dans son auto.

— Et Olivier ?

— Nous n’avons pas le temps de causer…

— Je ne pars pas sans le voir.

— Vous le verrez là-bas. Il vous retrouvera demain. Il prend le premier train. Vite ! Je vous expliquerai.

Il empoigna Christophe. Christophe, étourdi par le bruit et par le vent de folie qui venait de souffler en lui, incapable de comprendre ce qu’il avait fait et ce qu’on demandait de lui, se laissa entraîner. Manousse le prit par un bras, de l’autre main prit Canet, qui n’était pas ravi du rôle qu’on