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LA FIN DU VOYAGE

Il passa la frontière. Au loin, il vit une ville que dominaient des tours aux clochetons effilés et des cheminées d’usines, dont les longues fumées, comme des rivières noires, coulaient avec monotonie, toutes dans le même sens, sous la pluie, dans l’air gris. Il était près de tomber. À cet instant, il se rappela qu’il connaissait dans cette ville un docteur de son pays, un certain Erich Braun, qui lui avait écrit, l’an passé, après un de ses succès, pour se rappeler à lui. Si médiocre que fût Braun et si peu qu’il eût été mêlé à sa vie, Christophe, par un instinct de bête blessée, fit un suprême effort pour aller tomber chez quelqu’un qui ne fût pas tout à fait un étranger pour lui.