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LA FIN DU VOYAGE

feuilles, elle épiait le fourmillement des insectes ; et elle avait plaisir et peur. — (Elle omettait de dire qu’elle avait peur des diables : son imagination en était obsédée ; on lui avait conté qu’ils rôdaient autour des églises, sans oser y entrer ; et elle croyait les voir sous la forme des bêtes : araignées, lézards, fourmis, tout le petit peuple difforme qui grouillait autour d’elle, sous les feuilles, sur la terre, ou dans les fentes des murs). — Ensuite, elle parla de la maison où elle vivait, de sa chambre sans soleil ; elle s’en souvenait avec plaisir ; elle y passait des nuits sans dormir, à se raconter des choses…

— Quelles choses ?

— Des choses folles.

— Racontez.

Elle secoua la tête, pour dire que non.

— Pourquoi ?

Elle rougit, puis rit, et ajouta :

— Et aussi le jour, pendant que je travaillais.

Elle y pensa un moment, rit de nouveau, et conclut :

— C’étaient des choses folles, des choses mauvaises.

Il dit, en plaisantant :

— Vous n’aviez donc pas peur ?

— De quoi ?