Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/269

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Après quinze Jours d’efforts inutiles pour fuir, Christophe revint dans la maison d’Anna. Il ne pouvait plus vivre loin d’elle. Il étouffait.

Cependant, il continuait de lutter. Le soir de son retour, ils trouvèrent des prétextes pour ne pas se voir, pour ne pas dîner ensemble ; la nuit, ils s’enfermèrent à clef, peureusement, chacun dans sa chambre. — Mais ce fut plus fort que tout. Au milieu de la nuit, elle s’enfuit pieds nus, elle vint frapper à sa porte ; il ouvrit ; elle s’étendit près de lui, glacée. Elle pleurait tout bas. Il sentait sur sa joue couler ces pleurs. Elle tâchait de s’apaiser ; mais sa peine l’emportait ; et elle sanglota, ses lèvres appuyées contre le cou de Christophe. Bouleversé par cette douleur, il oubliait la sienne ; il tentait de la calmer, en lui disant des mots tendres et consolants. Elle gémissait :

— Je suis malheureuse, je voudrais être morte…

Ses plaintes lui perçaient le cœur. Il voulut