Page:Rolland - Jean-Christophe, tome 9.djvu/303

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Quand Braun revint, le matin, il trouva Anna dans le même état de prostration. Il vit bien qu’il s’était passé quelque chose d’extraordinaire ; mais il ne put rien savoir de Bäbi, ni de Christophe. De tout le jour, Anna ne bougea point ; elle n’ouvrit pas les yeux ; son pouls était si faible qu’on le sentait à peine ; par moments, il s’arrêtait, et Braun eut l’angoisse de croire, un instant, que le cœur avait cessé de battre. Son affection le faisait douter de sa science ; il courut chez un confrère, et il le ramena. Les deux hommes examinèrent Anna et ne purent décider s’il s’agissait d’une fièvre qui commençait, ou d’un cas de névrose hystérique : il fallait tenir la malade en observation. Braun ne quitta pas le chevet d’Anna. Il refusa de manger. Vers le soir, le pouls d’Anna n’indiquait pas de fièvre, mais une extrême faiblesse. Braun tâcha de lui introduire dans la bouche quelques cuillerées de lait ; elle les rendit aussitôt. Son corps s’abandon-

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