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LA FIN DU VOYAGE

— Aller au culte.

Il essaya de la raisonner, de lui rappeler que ce n’était pas Dimanche, que le temple était fermé. Elle se taisait ; mais assise sur la chaise, près du lit, elle passait ses vêtements, de ses doigts qui grelottaient. Le docteur, ami de Braun, entra. Il joignit ses instances à celles de Braun ; puis, voyant qu’elle ne cédait pas, il l’examina, et finalement consentit. Il prit Braun à part, et lui dit que la maladie de sa femme semblait toute morale, qu’on devait pour l’instant éviter de la contrarier, et qu’il ne voyait pas de danger à ce qu’elle sortît, pourvu que Braun l’accompagnât. Braun dit donc à Anna qu’il irait avec elle. Elle refusa et voulut aller seule. Mais dès les premiers pas dans la chambre, elle trébucha. Alors, sans un mot, elle prit le bras de Braun, et ils sortirent. Elle était très faible et s’arrêtait en route. Plusieurs fois, il lui demanda si elle voulait rentrer. Elle se remit à marcher. Arrivés à l’église, comme il le lui avait dit, ils trouvèrent porte close. Anna s’assit sur un banc, près de l’entrée, et resta, frissonnante, jusqu’à ce que midi sonnât. Puis, elle reprit le bras de Braun, et ils revinrent en silence. Mais le soir, elle voulut retourner à l’église. Les supplications de Braun furent inutiles. Il fallut repartir.