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LA FIN DU VOYAGE

d’ocre une fenêtre, — la fenêtre d’Anna. Anna était là. Elle souffrait là. Il n’avait plus qu’un pas à faire pour entrer. Il avança la main vers la poignée de la porte. Puis, il regarda sa main, la porte, le jardin ; il prit soudain conscience de son acte ; et, s’éveillant de l’hallucination qui le possédait depuis sept à huit heures, il frémit, il s’arracha par un sursaut à la force d’inertie qui lui rivait les pieds au sol ; il courut au mur, le repassa, et s’enfuit.

Dans la même nuit, il quittait la ville, pour la seconde fois ; et le lendemain, il allait se terrer dans un village de montagne, sous des rafales de neige. — Ensevelir son cœur, endormir sa pensée, oublier, oublier !…