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LA FIN DU VOYAGE

Christophe sourit :

— C’est à peu près cela, dit-il. « Les yeux du chaos qui luisent à travers le voile de l’ordre… »

Mais l’autre ne comprit pas le mot de Novalis :


(— Il est vidé, pensa-t-il.)


Christophe ne chercha pas à se faire comprendre.

Quand ses hôtes prirent congé, il les accompagna un peu, afin de leur faire les honneurs de sa montagne. Mais il n’alla pas bien loin. À propos d’une prairie, le critique musical évoquait des décors de théâtre parisien ; et le peintre notait des tons, sans indulgence pour la maladresse de leurs combinaisons, qu’il trouvait d’un goût suisse, tarte à la rhubarbe, aigres et plates, à la Hodler ; il affichait d’ailleurs, à l’égard de la nature, une indifférence qui n’était pas tout à fait simulée. Il feignait de l’ignorer.

— La nature ! qu’est-ce que c’est que ça ? Connais pas. Lumière, couleur, à la bonne heure ! La nature, je m’en fous.

Christophe leur serra la main et les laissa partir. Tout cela ne l’affectait plus. Ils étaient de l’autre côté du ravin. C’était bien. Il ne dirait à personne :