Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/187

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cer, du moins… (« Ensuite ?… Ça, c’est une autre affaire !… ») — Brissot était beau garçon, une belle figure claire, l’expression franche, de gais yeux bruns, les traits réguliers, un peu forts, la face pleine, les dents saines, — rasé, une abondance juvénile de cheveux noirs, relevés sur le front intelligent par la raie de côté. Grand, la poitrine large, les jambes longues, les bras musclés, il avait une aisance de mouvements et le geste animé. Il parlait bien, très bien, d’une voix chaude, musicale, un peu basse et cuivrée, qu’on aimait, — qu’il aimait. Rival d’études de Franck, d’une intelligence vive, facile, brillante, habitué aux succès de l’esprit, il n’avait pas moins de goût pour les jeux du corps. En Bourgogne, où les propriétés de sa famille — bois et vignes — touchaient à la maison de campagne des Rivière, il était intrépide marcheur, chasseur, bon cavalier. Annette l’avait jadis rencontré, plus d’une fois, dans ses promenades. Mais en ce temps, elle se souciait peu d’un compagnon, elle aimait à aller seule ; et Roger, lui aussi, dans ces mois de plein-air, lâché hors de Paris, faisait le jeune Hippolyte ; il affectait de préférer son cheval et son chien à une fille. Ils n’avaient guère échangé, en passant, que des saluts et des regards. De ceux-ci, tout n’avait pas été perdu. Il leur en était resté d’agréables images et la