Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/270

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après une nuit blanche — (elle ne s’était assoupie qu’une ou deux heures, à l’aube) — Annette se leva, résolue. Avec la lumière du jour, le calme lui était revenu. Elle s’habilla, se coiffa, méthodiquement, froidement, écartant de sa pensée tout ce qui pouvait éveiller ses doutes, attentive à sa toilette, qu’elle fit méticuleuse, minutieusement correcte, plus encore qu’à l’ordinaire.

Vers neuf heures, Roger frappa gaiement à sa porte. Il venait la chercher, comme chaque matin, pour une promenade.

Ils partirent, escortés par un chien gambadant. Ils prirent un chemin qui s’enfonçait sous bois. Les jeunes bois verdissants étaient criblés de soleil. Les rameaux ruisselaient de chants, de cris d’oiseaux. Chaque pas éveillait des vols, des battements d’ailes, des frôlements de feuilles, des froissements de branches, des fuites éperdues à travers la forêt. Le chien, surexcité, jappait, flairait, zigzaguait. Des geais se chamaillaient. Dans la coupole d’un chêne, deux ramiers rouissaient. Et très