Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/282

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Elle partit, le lendemain. Elle donna pour prétexte une lettre, une maladie subite de sa vieille parente. Les Brissot n’en furent pas dupes tout à fait. Mieux que Roger, ils avaient, depuis quelque temps, le soupçon qu’Annette leur échappait. Mais il convenait à leur dignité de n’en pas sembler admettre la possibilité et de croire aux raisons de ce brusque départ. Jusqu’à la dernière minute, on joua la comédie de la brève séparation et du prochain revoir. Cette contrainte était pénible à Annette ; mais Roger l’avait priée de n’annoncer sa décision que plus tard, de Paris ; et Annette s’avouait qu’elle eût été bien gênée de l’apprendre, de vive voix, aux Brissot. On échangea donc, en se quittant, des sourires, des mots mièvres, et des embrassements, où le cœur n’était guère.

Roger accompagna de nouveau, en voiture, Annette à la station. Ils étaient tristes tous deux. Honnêtement, Roger avait renouvelé à Annette sa demande de l’épouser ; il s’y croyait tenu : il était gentleman. Il l’était trop. Il