Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/142

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— Eh bien, mon ami, dit tranquillement celui-ci, après qu’il eut fini, — l’exploitée, c’est donc elle.

Marc n’aimait pas qu’on lui apprît son devoir.

— Ceci, c’est mon affaire, Pitan. Cela ne vous regarde pas.

Pitan n’insista point. Il souriait.

Les ouvriers sortaient de l’usine. Il se leva et alla à eux. Il en connaissait plusieurs ; il échangea quelques mots, en distribuant ses feuilles. Mais ils étaient pressés d’enfourcher leur bécane et d’aller souper. Ils dépliaient à peine la feuille, ou ils disaient :

— Ça va, ça va !…

Et les mains dans les poches, ils ne la prenaient même pas. Trois ou quatre s’arrêtèrent pour causer. Marc restait à l’écart, et il ne le sentait que trop :

— « Je suis un étranger. »

Quand Pitan revint vers lui, Marc, après un moment, marchant à ses côtés, se remit à parler :

— Vous ne me l’avez pas appris, Pitan. Je l’avais bien vu. Casimir et les autres ne sont jamais avec moi des camarades. Quelquefois, ils me flattent ; et d’autres, ils m’humilient. Ils ont l’air d’être fiers de moi et contre moi. Fiers de m’avoir comme otage de la bourgeoisie à mépriser.

— Héhé ! — (Pitan riait doucement) — il en