Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/179

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viril qui veut que le petit de l’homme combatte seul, sans qu’on l’aide.

Donc, puisqu’il se refusait à ce qu’elle entrât chez lui, il fallut se résigner à vivre, l’un à côté de l’autre, porte à porte, sans intimité. Et ce ne fut pas gai. Annette ne remarquait plus l’austérité de vie qu’elle menait ; mais Marc en eut, comme par un linge rude, l’épiderme râpé ; et il trouva pesant ce sérieux tragique, dont elle ne s’apercevait plus. Il ne se dit pas qu’il lui refusait le seul rayon qui aurait pu l’égayer, qu’il gelait dans sa pousse la fleur de l’amour maternel. Rejetée dans le drame intérieur, dont elle cherchait à s’évader, elle trahit, sans le vouloir, l’inquiétude de pensée, par où elle passait alors ; et Marc y flaira peut-être trop de ressemblance avec la sienne, pour ne pas s’en garer.

Ce n’était pas dans l’atmosphère engourdie, dans la plate existence de la petite ville, qu’il eût trouvé des ressources, pour faire diversion aux ombres de la maison. La campagne, grasse et riante, en sa blonde maturité, sommeillait, au soleil d’août. Il eût fait bon l’étreindre avec des bras d’adolescent ! Mais le petit Parisien n’était pas encore sensible à la nature. Trop d’autres objets sollicitaient son esprit et ses sens ! L’heure n’avait point sonné, où les yeux s’ouvrent pour lire la muette musique inscrite au livre des