Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/267

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il n’est pas sûr qu’elle le comprenne. Annette devine que, plus d’une fois, les paroles qu’il lui adresse ne sont pas pour elle, mais, par-dessus sa tête, vont à l’invisible ami. Et quand elle lit leurs lettres, elle mesure la différence des harmonies, entre ses entretiens avec Germain, qui sont un contrepoint de motifs différents, cordialement tressé, — et le duo de la mélodieuse amitié, où chaque note éveille par ses harmoniques un accord fraternel. Elle n’en est pas jalouse. Elle en est allégée. Il est des heures où l’on goûte plus de bienfait à écouter un beau concert qu’à s’y mêler.

Elle s’y mêle pourtant, — et sans qu’elle s’en doute — puisque c’est en elle que les deux voix se rejoignent. Elle est l’âme du violon.