Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/279

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Ils étaient seuls ensemble. Les paroles d’accueil échangées, Annette exposait, par des chemins un peu lents, l’objet de sa venue. Et elle regardait les dents de Marcel qui riaient. Il la laissait parler, amical et distrait, et son regard se promenait sur elle, du haut en bas. Elle s’interrompit :

— Mais vous ne m’écoutez pas !

Il dit :

— Naturellement, non. Quand on vous voit, enfin, on a mieux à faire. Pardon ! Mais tout de même, j’entends. Je sais bien que si vous venez, ce n’est pas pour me voir, c’est que vous avez quelque chose à me demander, et que je serai trop heureux si je puis vous l’offrir. Alors, puisque c’est d’avance une affaire entendue, je vous regarde, je me paie d’avance.

— Ne me regardez pas trop ! Je suis vieille, à présent.

— « Midi, roi des étés… »

— Vous pouvez dire : l’automne.

— Le plus riche plumage est des arbres d’automne.

— On aime mieux les fleurs.

— J’aime les fleurs et les fruits.

— Oui, oui, vous aimez tout… Voulez-vous m’écouter ?

— Parlez ! Je suis tout yeux !

— Vous avez trop bien vu que je viens en quê-