Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pitan ne fut point fat. Il dit avec bonhomie :

— Avec moi, c’est sans danger. Parlez, madame Rivière ! Nous ne sommes point faits, l’un et l’autre, pour cacher notre pensée.

Sans rien voiler, simplement, Annette expose son dessein. Pitan, en l’entendant, a un petit sursaut ; mais il ne l’interrompt pas et la laisse parler. Après qu’elle a fini, il toussote, et dit :

— Mais, madame Rivière, vous savez ce que vous risquez ?

— Ce n’est pas en question, dit tranquillement Annette.

Pitan, de nouveau, toussote. Il se demande quel motif peut pousser cette femme à compromettre sa vie et son honneur. Il hésite à parler. Elle l’a deviné.

— Dites, monsieur Pitan, ce que vous voulez me demander !

— Madame Rivière, pardon ! Mais si c’est ce jeune prisonnier à qui vous vous intéressez, est-ce qu’il ne serait pas mieux pour lui de rester où il est, à l’abri, au lieu de l’exposer ?

— Il ne s’agit pas de sa sécurité, ni de la mienne.

Sans ambages, Pitan poursuit :

— C’est donc l’autre que vous aimez ?