Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/327

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autre, Annette ne reçut rien. Le temps fuyait. Le jour fixé approchait. Annette prit sur elle de demander deux passeports, l’un à son nom, l’autre à celui de son fils. C’était une idée folle. Marc n’avait point l’âge de Franz, et ne lui ressemblait guère. Mais on ne pouvait plus attendre. Risquons le tout pour le tout ! Annette comptait, d’ailleurs, n’utiliser le passeport que pour retirer le billet.

Elle n’eut pas de peine à l’obtenir, à Paris, par l’entremise de Marcel Franck, — alors que beaucoup d’autres, plus justifiés qu’elle à faire le même voyage, perdaient des semaines à quémander une autorisation, qu’on finissait par leur refuser ! Beauté des règlements ! Ils ne gênent que les innocents. Pour l’excuse d’Annette, il faut dire qu’elle n’avait même pas conscience de sa chance. Quand elle voulait une chose, elle la voulait si fortement qu’il lui semblait naturel que la chose s’accomplît ; et son assurance se communiquait à ceux dont la réalisation dépendait. Le prétexte invoqué dans le cas présent était la santé de son gamin, qu’elle allait conduire en Suisse. Marcel ne s’informa pas de plus près, et s’occupa des démarches. Annette quitta sa province, la veille du jour convenu avec Pitan. Elle s’était arrangée pour que les deux faits se succédassent immédiatement Durant ce court laps de temps, elle n’était fixée nulle part, comme l’oiseau sur la branche ; elle