Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/332

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Elle ne répondait point. Il lui emboîtait le pas. Elle sentit qu’il l’épiait. Elle cherchait une raison à lui donner, et elle n’en trouva point. Au coin d’une rue, elle s’arrêta, et se força à prendre un ton d’autorité :

— Séparons-nous ici !

Il répéta, buté :

— Sur le quai de la gare.

Elle dit sèchement :

— Je te prie de me laisser.

Il continua de marcher. L’irritation la prit. Elle lui empoigna l’épaule :

— C’est assez. Je te défends de me suivre.

Il s’arrêta, souffleté. Annette savait qu’il ne pardonnerait pas l’offense. Mais elle avait commencé, il fallait qu’elle allât jusqu’au bout, puisque c’était le seul moyen pour l’éloigner. Blessé, il fut blessant :

— Qu’est-ce que tu viens donc faire ? Tu te défies de moi ?

— Oui.

Il tourna les talons.

Elle le rappela :

— Marc, embrasse-moi !

Il ne se retourna pas, et, les mains dans les poches, les épaules remontées rageusement, il s’éloigna, ulcéré. Le voile du brouillard le recouvrit.