Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/75

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non plus, Marc n’a rien perdu. — Elle s’appelle Marceline. C’est presque comme si c’était lui… La gamine effrontée, avec son œil rieur qui regarde en dessous, ses paupières chiffonnées, son nez relevé du bout, son petit menton gras, ses lèvres d’aegipan qui avancent, aiguisées en bec d’anche !… Il voudrait bien en jouer ; mais la seule pensée de leur contact sur les siennes fait courir un frisson, de ses genoux aux épaules. Quand ils se rencontrent dans l’escalier, elle l’appelle par son prénom, et elle le dévisage, afin de le troubler. Et lui, qui se fait hardi, pour cacher son émoi, il l’appelle Perrette. Elle rit. Ils échangent des regards complices.

Peltier n’a pas de fille. Mais son honneur — s’il le met là — n’est pas moins écorné. Sa femme, belle commère, gaillarde et avisée, chausse des bas de soie et des bottines à vingt crans de lacets. Elle les a gagnés ; elle travaille à l’usine ; mais ce qui vient par la flûte s’en va par le tambour… Que voici un proverbe bien fait pour ces temps guerriers ! Il est bon patriote. Mme Peltier aussi. Elle ne trompe son mari qu’avec des Alliés. Est-ce lui faire tort ? C’est combattre avec lui. Elle le dit, et elle rit. Cette verte Gauloise n’est sa dupe qu’à moitié. Mais, mon Dieu ! son pauvre homme ne s’en porte pas plus mal, si elle s’en porte mieux… Tant pis pour les absents ! Et