Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/126

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Elle se tut, elle prit un temps. Erika, sur ses gardes et tendue, guettait sous le silence la feinte et l’embûche. Après avoir mâché la fleur acre de ces dernières secondes suspendues, Annette, sûre d’avance de l’effet de ce qu’elle allait dire, et d’avance en goûtant la compatissante ironie, prononça posément :

— Je repars, demain matin.

Une rougeur envahit le visage de Mlle de Wintergrün. Le front même rougit, et le bout des oreilles fut une goutte de sang. Elle perdit le contrôle, et elle ne put cacher la folle émotion, dont elle fut la proie.

Et Annette, pour la première fois depuis son arrivée, sourit. Erika, l’épiant d’en dessous, peureuse, méfiante encore, et redoutant une ruse, reconnut que son sourire était pur d’inimitié. Annette la contemplait, non pas sans ironie encore, mais l’ironie était pleine de pitié. Elle pensa :

— Comme elle l’aime !

Mlle de Wintergrün, confuse, pencha le front — et brusquement, l’appuya contre le bras d’Annette. Annette posa la main sur le cou frêle, les cheveux fins ; et elle les caressait, avec un petit rire affectueux. Elle n’avait plus devant elle