Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/189

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ment m’oublier, moi, en l’aimant !… Il le fallait, pourtant. Je n’ai pas pu, je ne peux pas… Je suis punie…

Elle savait, depuis longtemps, que ce jour viendrait. Et ce jour était venu. Elle avait trop attendu. Elle tremblait de perdre ce fils, qu’elle avait jalousement accaparé. Et elle l’avait perdu. Une seule minute avait suffi pour le détacher d’elle. Elle était terrifiée. Dans ces cœurs de jeunes hommes, toute une vie de dévouement maternel est oubliée, pour une minute de possession ou d’espoir passionné. Elle en avait eu la prescience effrayée. Mais la réalité passait le pressentiment… Il n’avait eu pour elle pas un mot tendre, pas un geste d’égards. Il l’avait jetée, d’un coup, par-dessus bord. Aucun compte du passé ! Il ne tenait compte que de demain… — Elle passa la nuit à se représenter ce demain, et la prochaine nuit, quand tout serait consommé. D’avance, elle était vaincue.

Elle n’essaya plus de lutter. Qu’il fût libre ! Quoi qu’il pût décider, elle se mit à son service. Si elle n’avait plus longtemps à le garder, elle avait à l’aider, jusqu’au dernier instant.

Au matin, quand elle le revit, elle ne revint plus sur ce qui était décidé. Elle lui prépara ses meil-