Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/201

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Que ce fils lui manquait ! Pour lui, pour sa maison, pour son besoin d’affection, pour la joie naturelle de transmettre à celui de son sang, son nom, sa gloire acquise, ses biens et sa mission ! Pour donner le mot de passe au lugubre : « À quoi bon ? » — le Caron qui refuse de porter sur l’autre rive l’homme sans fils, la race sans avenir, celui qui va mourir et ne renaîtra jamais…

Mais ce sont des souffrances qu’on ne montre pas aux autres ; et nul n’en aurait rien su, si le hasard n’avait fait qu’une nuit de 1915, où il était en partie galante avec d’aimables personnes, honestes dames et curieuses, dont aucune n’était professionnelle du jeu, il rencontrât Sylvie ; (c’était au temps, assez bref, mais rempli, où elle faisait la fête). Elle était avec un personnage que Brissot connaissait. Les deux hommes, au souper, échangèrent leurs compagnes. Brissot n’eût point reconnu Sylvie ; mais Sylvie se chargea de lui rafraîchir le souvenir. Il manifesta une émotion inattendue de la rencontre, bien qu’aux jours d’autrefois, il n’eût pas tenu grand compte de la belle-sœur couturière, dont il ne se vantait pas. Sylvie n’en ignorait rien ; mais l’aventure l’amusa. Son partenaire se trouvait dans un