Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/212

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d’Asie, d’Afrique, vont, sous l’égide affectueuse de la libre France et de la libre Angleterre, boire à la fontaine de Liberté. Le dernier empire continental s’effondre. La République ouvre ses ailes. L’ange de Rude. Le génie de l’Arc de l’Étoile… Marchez, enfants de la patrie !…

« Je reviens du front. Merveille ! Ces enfants rient. Les mourants rient. Ils disent : « Courte et bonne ! Je n’ai pas perdu ma journée… » — On leur propose de les évacuer sur l’arrière. Ils répliquent : — « Jamais ! Accrochez-moi aux barbelés ! Je les empêcherai de passer… »

Marc rougissait de honte, et son regard se glaçait. .. Comme il les « touche », ces bœufs !… Ces mots creux, ces moyens vulgaires, ces lâches mensonges !… Il fixe avec un froid mépris l’orateur, qui ruisselle de sueur et d’éloquence. — Et Brissot, sans comprendre, pressent qu’un drame se livre dans l’esprit de cet auditeur. Il essaie de tous ses pièges pour reprendre le gibier. Il est déconcerté par ce regard qui le juge, il n’ose plus le regarder. Mais tandis qu’il continue de clamer :

— La France… La France unanime…
et déroule, sans trouble, en virtuose bien dressé,