Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/216

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dation… Dégoût, dégoût de lui, dégoût de moi !… Car moi, je suis fait de lui, je suis le fils de ce mensonge, ce mensonge est en moi !…

Il marchait comme un furieux. Il arriva près de la Seine. Il se pencha sur la berge. Il aurait voulu se laver jusqu’au sang, laver jusqu’à la chair, afin d’en arracher la fétide souillure. Il était sans raison, sans pitié, comme on l’est dans la passion, quand on a dix-sept ans. Pas un instant, il ne pensait que cet homme pût être bon, pût être faible, comme la moyenne des hommes, que s’il eût connu son fils, il l’eût chéri : car, comme la moyenne des hommes, il cachait sous l’amas de ses faiblesses, de ses mensonges et de ses malpropretés, un recoin sacré de sentiments purs, d’intacte vérité. Il ne pensait pas non plus que cette génération de vieux scolards, ces rhéteurs, ces hâbleurs à l’antique, (le faux antique, la camelote gallo-romaine !) a été, dès l’enfance, habituée à la verbolâtrie et qu’elle en est la victime, aussi bien que le comédien… « CommedianteTragediante… » Elle n’est plus capable, même si elle le voulait, de retrouver le contact du réel sous la montagne des mots qui l’étouffé…

Mais cela, c’est ce que Marc pardonnerait le