Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/33

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Annette était plus proche de Germain que de Franz. Il était de sa race. Elle le comprenait mieux. L’expérience de leur vie sortait du même terreau ; et le même ciel avait fait mûrir leurs pensées. Il n’y avait rien d’obscur dans les sentiments qu’elle lisait en lui, et pas davantage dans ceux qu’elle éprouvait pour lui. Son amitié, ses craintes, son stoïcisme, ses jugements de la vie, son attitude sans apprêt devant la souffrance et la mort, ses regrets de partir et son détachement, tout était clair en lui : Annette homme eût, sous le même destin, pensé, été, comme lui… Il lui semblait, du moins : car rien, de Germain, ne lui était imprévu. (Mais en eût-elle pu dire autant d’elle-même ? …) En d’autres circonstances, ils eussent pu faire deux époux excellents, qui ont une grande estime, une affection mutuelles, qui sont sûrs l’un de l’autre, qui se livrent loyalement toutes les clefs de leurs portes, — hors une petite, à