Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/41

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dépasser. Tel Rolf, le chien de Mannheim, qui apprit à penser comme un homme, et qui, deux ans après, retomba, pissant le sang, dans la nuit informe. Car l’homme n’est pas le seul à tenter la prodigieuse aventure. Toute la nature l’a essayée. Partout s’est ébauchée la formidable ascension de l’être qui tâche à s’évader de la fosse des forces noires. Il grimpe, le désespéré, laissant de son sang à chaque saillie de la muraille. Mais le moment vient, un peu plus tôt, un peu plus tard, qu’il lâche prise et roule au fond du cauchemar aux yeux vitreux… Le cauchemar est aux deux seuils : du sommeil qui commence, du sommeil qui finit…

— Qui sait ? disait Annette, En retombant, le rêve tumultueux de la vie est-il fini ?

— Vous n’en avez pas assez ?

— La nuit est longue. Je me rendors. J’attends le jour.

— S’il ne vient pas ?

— Je rêverai toujours.

Germain était trop détaché de toute foi, pour discuter. Rien ne contribuait plus à sa vision de fatalisme désenchanté que, dans sa destruction propre, son universelle compréhension. Il ne niait