Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/67

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D’être rentrée dans Paris, sous le canon de l’ennemi, c’était déjà un soulagement. Mais Annette ne commença de s’apaiser que lorsqu’elle vit la maison intacte, et que, montant précipitamment, elle frappa à la porte et entendit (bonheur !) le pas de son fils qui venait ouvrir.

Marc fut stupéfait. Pour un instant, tout contrôle sur soi-même cessant, il ne resta plus rien de la muraille factice qu’ils avaient élevée entre eux. Ils s’étreignirent. Et chacun fut saisi de la fougue que l’autre mettait à cet embrassement.

Mais ce ne fut qu’un instant. Ils étaient si peu habitués à ces effusions qu’ils en furent gênés ; et, se lâchant, ils reprirent les manières de convention.

Un secret était entre eux. — Annette, entrée dans la chambre, expliquait son retour, à sa façon. Marc écoutait, se taisait, et il ne perdait pas de vue un seul de ses mouvements. C’était lui, cette fois, qui était en service d’inspection. Annette, contrainte, s’obligeait à parler. Un malaise confus lui faisait craindre d’être jugée par son fils. Elle n’était pas envers lui sans reproches — et de plus d’une espèce. Aussi, se montra-t-elle moins tendre