Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/71

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y fût avec lui, ne le faisait point rire : il n’était plus disposé à se payer d’un jeu de mots ; il en voulait à Annette de l’avoir compromis. — Mais le regard ironique d’Annette, qui suivait sur ses traits ses pensées, le rappela à son rôle d’homme du monde. Il reprit son maintien dégagé. La crânerie de cette femme qui venait affronter les risques lui faisait honte de sa pusillanimité. Ce fut donc l’ancien Marcel qui demanda :

— Mais, pour l’amour du ciel, Annette, quel diable vous a poussée, quand vous étiez tranquille là-bas, en Suisse, et que personne ne pensait à vous, quel diable vous a soufflé de venir vous jeter dans la gueule du loup ?

Annette expliqua posément qu’elle venait se substituer à Pitan, ou réclamer sa part de l’inculpation retenue contre lui.

Marcel leva les bras :

— Vous ne ferez pas cela !

— Je viens vous demander le nom du juge d’instruction qui est chargé de l’affaire, afin de lui présenter ma déclaration.

— Je ne le permettrai pas.

— Croyez-vous que je vais laisser condamner pour moi un innocent ?