Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/98

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Pensez-vous que je voudrais ébranler votre appui ?

— Alors, dites-moi, Madame, que vous y croyez aussi ?

— Mon enfant, je ne puis pas dire que je crois ce que je ne sais pas. Vous ne voudriez pas que je mente ?

— Non, Madame, mais croyez, croyez, je vous en prie !

Annette sourit affectueusement :

— J’agis, mon enfant. Je n’ai pas besoin de croire.

— Agir, c’est croire.

— Peut-être. C’est ma façon de croire.

— Si le Christ ne l’éclaire, l’action risque toujours d’être ou erreur ou crime.

— Vous semble-t-il que le Christ ait suffi, depuis quatre ans, à épargner à ceux qui croient en lui l’erreur et le crime ?

— Ah ! ne me le dites pas. Madame ! Je le sais bien ! Il y a si peu de chrétiens vrais ! C’est le plus désolant ! Je n’en connais pas deux dans tous ceux que je connais. Ils me navrent, ils me tuent ! J’ai douleur et horreur. J’ai horreur de cette vie. J’ai horreur de ces hommes. Je voudrais les racheter. Je ne peux plus rester parmi eux, je