Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/111

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Dans une de ses fêtes en son hôtel — dancing, fumeries, petites Lupercales — où Sylvie, grasse et fleurie, décolletée, comme elle dit, jusqu’au cul, diaboliquement fardée et, finalement, la raison chavirée par les cocktails, une vraie faunesse, met le feu autour d’elle, — le cerveau de Marc fait le plongeon. Avec sa fièvre permanente dans les moelles, il faut si peu pour l’enivrer ! Et quelquefois, la conscience de son infériorité, au lieu de le rendre plus prudent, l’excite, par bravade… Il est « bu »… Ses yeux vacillent. Il ne voit plus rien, il ne sait plus rien, il est entraîné au fond du tourbillon, que mène la chèvre-pattes ; dans ses oreilles, son sang fait un bruit de tonnerre, le désir gronde, et la raison hébétée trébuche et tombe. Il ne distingue même plus dans la farandole la bouche saignante qui rit contre sa bouche… Mais il la mord. Et une étrange, une sauvage jalousie l’incendie… Il perd conscience, il se retrouve, terrassé, dans un sous-sol, d’où l’on entend au loin le brouhaha et la musique, seul, égaré, ne pouvant plus faire le compte de ses pensées… Que s’est-il passé ?… Il ne se souvient plus, il ne sait plus s’il se souvient, ou s’il invente… Et dans ce qu’il invente, la crainte n’est pas moins active que le désir… Plus de borne-frontière entre ce qui fut et ce qui aurait pu être… De l’un ou de l’autre il se sent autant brûlé, flétri, marqué au cœur… Et s’en allant, fuyant peureusement la kermesse qui là-haut, infa-