Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/115

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Marc se retrouve donc aussi seul qu’il peut le désirer S’il tient à n’avoir plus à compter que sur lui pour se débrouiller, il sera servi ! Il n’a plus de quiconque à attendre un radis. Sa mère est au loin et n’a pas d’argent à lui envoyer. Elle a bien du mal elle-même à se faire payer. Ils s’écrivent peu. Elle est dans une campagne perdue : les communications sont difficiles, et les lettres ont des retards extravagants. Annette est aux semaines les plus critiques de son exil, au fond de la nasse. Elle en parlera — si elle en parle — quand elle aura réussi à en sortir. Jusque-là, bouche cousue, comme son fils, quand il est pris dans quelque piège. La mère et le fils ont le front dur : — « Cela ne regarde que moi ! personne n’a le droit de mettre le nez dans mes ennuis. » — Ils s’envoient seulement, tous les quinze jours, quelques lignes sans précision, mais vigoureuses, pour rappeler : « Je suis là ! ». Ce sont moins celles d’une mère et d’un fils que de deux compagnons. La ferme main de la femme aux yeux clairs serre les doigts brusques, toujours fiévreux, de son garçon… Va bien ! On tient !…

Il n’a plus remis les pieds chez Ruche. Le groupe d’amis est dissous. Éparpillé aux quatre vents. Chacun pour soi !

Il a fini par comprendre que ce n’est pas de son intel-